Hommage à Clément
Le 6 juin au soir, nous étions une centaine à venir rendre hommage à Clément Méric, assassiné par des militants
d'extrême-droite et à dire notre résolution à nous opposer aux porteurs de haine.
Voici l'intervention que j'ai faite au nom du PCF.
Comment ne pas citer Berthold Brecht « Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde ».
Clément Meric est mort sous les coups de militants d’extrêmes droite. Une nouvelle fois celle-ci révèle son véritable visage,
celui de la haine, de la barbarie, de
la violence.
Au nom du PCF, je tiens à rendre hommage à Clément, à son combat antifasciste, à ses idées progressistes et fraternelles.
Mais nous sommes aussi là pour dire que la
banalisation des idées d’extrême droite, la banalisation de la xénophobie, de l’homophobie, la banalisation des idées de
haine et de rejet de l’autre a assez duré. Parce que cette banalisation
gangrène toute la société, pourrit le pacte républicain et entraîne inévitablement la violence. Le racisme et le rejet de
l’autre ne sont pas des opinions comme les autres.
Le meurtre de Clément n’est pas un acte isolé. Depuis plusieurs mois, des groupuscules d’extreme droite multiplient les
agressions violentes de militants
progressistes. Nous ne céderons pas face à la haine, nous ne laisserons pas la rue, l’espace public à la peste
brune.
Tout comme nous nous opposerons à ceux qui jouent avec le feu. De l’identité nationale au pain au chocolat, de l’opposition
du mariage pour tous aux déclarations
homophobes, la droite n’a cessé de flirter avec les idées les plus réactionnaires espérant en tirer un bénéfice électoral. Le
FN qui fait de la préférence nationale et du rejet de l’étranger le
cœur de son projet politique serait maintenant, selon certains médias, un parti comme les autres, un parti qui se serait
dédiabolisé parce qu’il aurait changé la forme. Mais le fond
reste.
La banalisation des idées de rejet de l’autre, il faut aussi la combattre quand on expulse des sans-papiers, quand on livre
les roms à la vindicte populaire, quand
on désigne les immigrés comme responsable de tous les maux de notre pays. Ce combat pour la fraternité, pour le respect, pour
les droits de l’être humain, il doit être celui de toute la
gauche.
Dans une période de crise économique et sociale comme celle que nous vivons aujourd’hui qui provoque le repli sur soi,
l’individualisme, l’égoïsme, il faut, au
contraire faire vivre les idées de solidarité, de partage et apporter des réponses politiques qui permettent de recréer un
espoir et de redonner confiance dans l’avenir.
Regardons en Grèce ce que les politiques d’austérité ont produit, la renaissance d’un mouvement néo-nazi, regardons partout
en Europe ce que les politiques
d’austérité produisent : la montée de l’extrême-droite, de mouvements identitaire, islamophobe, raciste,
anti-démocrate...
Ne suivons pas ce chemin en France. Résistons. Résistons à la banalisation des idées de haine, résistons à la banalisation du
rejet de l’autre. Et pour résister, il
faut faire vivre la fraternité, pour résister à la violence et à la haine, il faut faire vivre ce qui nous unit, ce qui nous
rassemble, et pour cela, je voudrais finir sur ces vers de Pablo
Neruda :
« Je veux vivre dans un pays où il n'y a pas
d'excommuniés.
Je veux vivre dans un monde où les êtres seront seulement humains, sans autres titres que celui-ci, sans être obsédés par une
règle, par un mot, par une étiquette.
Je veux qu'on puisse entrer dans toutes les églises, dans toutes les imprimeries.
Je veux qu'on n'attende plus jamais personne à la porte d'un hôtel de ville pour l'arrêter, pour l'expulser.
Je veux que tous entrent et sortent en souriant de la mairie.
Je ne veux plus que quiconque fuie en gondole, que quiconque soit poursuivi par des motos.
Je veux que l'immense majorité, la seule majorité : tout le monde, puisse parler, lire, écouter, s'épanouir. »