Dernier meeting de campagne

Publié le par cyril

 

 

 

 

  J'ai tenu mon dernier meeting de la campagne.  Plus de 100 personnes ont écouté les différents intervenant-e-s : les représentantes des créches parentales étaient venues exposer leur difficultés, les syndicalistes des transports aériens et urbains ont partagé leur expériences des luttes, puis la co-présidente de mon comité de soutien a défendu les services publics "au service de l'homme pas de la finance", et enfin Eliane ASSASSI, sénatrice de la Seine Saint Denis, a montré l'importance d'avoir un groupe Front de Gauche fort à l'Assemblée Nationale.

 

J'ai été le dernier à prendre la parole. Voici le texte de mon intervention :

 

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Chers camarades, chers amis

Nous voici arrivés pratiquement à la fin de cette longue séquence électorale des élections présidentielles et législatives. Longue séquence que nous avons commencée dès le mois de juin dernier avec le premier meeting de campagne à Paris, meeting qui en préfigurera d'autres, puisqu'il se tenait déjà en plein air.

Alors, une fois n'est pas coutume, je voudrais commencer mon intervention par des remerciements, remerciements à toutes et tous les intervenants. Remerciements à tous mes camarades du parti communiste, à tous les militants et sympathisants du Front de gauche de mener cette campagne si dynamique, si encourageante, si enthousiasmante. Remerciements aussi à ses militants associatifs, ces syndicalistes qui ont rejoint notre comité de soutien. J'en éprouve une très grande fierté et j'en mesure toute la responsabilité. Remerciements aussi à celles et ceux à qui j'ai fait partager mon angoisse et mon stress de candidat, Jean-Christophe, Jean, Audrey, Jacques, Roger, Nicole…

Remerciements aussi à ma femme et à mon fils qui ont supporté cette longue campagne ; leur compréhension et leur soutien me sont précieux.

Car cette campagne électorale, je l'ai vécu intensément et je m'y suis engagé pleinement. Je m'y suis engagé pleinement pour faire vivre durant l'élection présidentielle et cette campagne des législatives notre projet : l'humain d'abord.

Ce projet que nous avons construit durant de longs mois, au sein du front de gauche, avec la population et qui a été, reste et restera notre colonne vertébrale. 

 

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Il s'articule autour de quatre grandes priorités :

d'abord un nouveau partage des richesses avec cette nécessité absolue d'augmenter les salaires et donc de porter le SMIC à 1700 €. Sur cette première circonscription qui est le poumon économique du département et de la région, cette proposition prend tout son sens.

Depuis 30 ans, 10 % des richesses produites dans ce pays sont passés des poches des travailleurs à celle du capital. Il faut donc partager les richesses différemment. Certains, à droite mais aussi à gauche, nous disent que c'est impossible d'augmenter le SMIC à 1700 €. Mais ce qui est impossible c'est de vivre avec moins de 1100 € par mois.

Vivre, c'est ne pas avoir sans cesse les yeux braqués sur son compte en banque, vivre, c'est pouvoir se payer une sortie au cinéma, un restau en amoureux, des vacances aux enfants… C'est avoir accès à la culture, aux produits de bonne qualité, c'est se projeter dans l'avenir. Avec le SMIC tel qu'il est aujourd'hui, c'est plus de la survie que de la vie. Voilà, un point de clivage et de débats à gauche. Le gouvernement veut donner un coup de pouce au SMIC, un coup de pouce à 0,46€. Nous, nous voulons lui donner un grand coup de main pour le passer à 1700€.

C'est ça, une mesure de justice sociale.

C'est aussi une mesure qui va dans le sens de l'égalité des droits entre les femmes et les hommes puisque 80 % des salariés payés au SMIC sont des femmes. En ce jour anniversaire de la loi sur la parité, votée le 6 juin 2000, il n'est pas anodin de rappeler que la France est toujours championne du monde de l'inégalité salariale entre les hommes et les femmes.
 

Mais augmenter les salaires, c'est aussi nécessaire pour nous sortir de cette crise économique et sociale. C'est justement ce partage des richesses au profit des plus fortunés, des actionnaires et des marchés financiers qui nous a conduit dans la crise dans laquelle nous sommes aujourd'hui. C'est le cercle vicieux de la spéculation financière, pour toujours plus de profits qui a conduit les économies mondiales au bord du gouffre. À force de comprimer la dépense publique, à force de modération salariale, on a fait la part belle aux marchés financiers qui, dans une frénésie de profit, ont failli tout détruire.

Augmenter les salaires, c'est donc inverser cette logique libérale qui nous conduit droit dans le mur, augmenter les salaires, c'est relancer l'activité économique, relancer la consommation et créer des emplois.

 

Mais pour cela, et c'est la deuxième priorité de notre programme, il faut reprendre le pouvoir à la finance. Il faut reprendre ce pouvoir en Europe en changeant les statuts de la Banque Centrale Européenne qui, aujourd'hui, est complètement indépendante des peuples européens et de leurs gouvernements. C'est quand même incroyable que le gouverneur de la banque centrale européenne n'ait de comptes à rendre à personne et qu'il puisse décider pratiquement tout seul de la politique à mener sur la question financière en Europe.

D'ailleurs, cette Banque Centrale Européenne aurait pu mettre, si ce n'est un terme, au moins un coup d'arrêt à la crise, si elle avait décidé de prêter directement aux Etats européens. Au lieu de cela, la BCE prête aux marchés financiers à 1 %, il y a quelques semaines elle a prêté 1000 milliards d'euros aux banques, ces mêmes marchés financiers et ces mêmes banques qui vont ensuite prêter aux Etats européens à 3,4 ou 5 % pour l'Italie ou la France mais à plus de 20 % à un pays comme la Grèce.

Je vous laisse sans peine imaginer le retour sur investissement des marchés financiers. Et donc au lieu de prêter directement aux Etats, la commission européenne et les marchés financiers ont préféré laisser la spéculation galoper notamment sur la dette grecque.

 

 

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Permettez-moi de m'arrêter un instant sur la situation de la Grèce.

Ce pays, berceau de la démocratie, en est à son neuvième plan d'austérité. Les salaires et les pensions ont diminué, la dette a augmenté de 25 %, le SMIC est à 540 €, 540 €, les services publics sont bradés, le taux de suicide augmente, la maladie aussi parce que les gens n'ont plus les moyens de se soigner. Voilà la situation de ce pays, voilà la situation que l'union européenne avec le FMI ont laissé s'installer pour ne surtout pas contrecarrer les marchés financiers.

Alors, oui quand nous disons qu'il faut reprendre le pouvoir à la finance, ce ne sont pas des paroles en l'air. Ce sont des paroles de gravité, ce sont des paroles d'urgence sociale. Alexis Tsipras, le leader de Siriza, le FG grec, a expliqué, lors de son passage à Paris, que la Grèce est dans une crise humanitaire. Nous le répétons depuis des mois, ces élections présidentielles et législatives sont le moment de faire un choix décisif quant à l'avenir de l'Europe. Il faut choisir entre les peuples et la finance. Et c'est un choix de l'un contre l'autre. Les grecs n'ont pas besoin d'austérité, ils ont besoin de la solidarité des autres peuples.

Nous, nous affirmons notre solidarité avec le peuple grec.

Voter pour le front de gauche, élire un député du Front de gauche, c'est justement faire le choix de députés courageux qui ne lâcheront rien face à la finance, qui se battront en France et en Europe pour reprendre ce pouvoir aux mains de la finance. Et s'il faut, en Europe, mettre fin à l'indépendance antidémocratique de la Banque Centrale Européenne, il faut en France, maîtriser le nerf de la guerre, c'est-à-dire maîtriser l'argent.

C'est pourquoi nous proposons un pôle public financier, c'est-à-dire un ensemble de banques nationalisées qui pourrait développer des politiques en faveur de l'emploi, de la formation.

Et quand on nous dit que le SMIC à 1700 € est impossible parce que cela tuerait les PME, nous répondons qu'aujourd'hui, le principal problème des PME, ce ne sont pas les salaires ni les charges sociales mais les charges financières. Car un artisan ou un patron d'une petite entreprise qui veut emprunter pour développer son activité, investir ou embaucher, il doit passer sous les fourches caudines des banques qui prêtent à des taux exorbitants. Nous, nous proposons, avec ce pôle public financier, de prêter à ces PME et de calculer le taux d'intérêt en fonction de la création d'emplois, de la formation des salariés, des conditions de travail, de la hauteur des salaires et des coûts environnementaux. Ces taux seraient d'autant plus abaissés qu'il y aurait création d'emplois, formation, salaires décents. Enfin, il faudrait tout de même ne pas prendre les problèmes à l'envers. Pour les PME, c'est l'absence de commandes et d'activité qui les pénalisent. Plus de salaires, c'est plus de consommation, de meilleure qualité, c'est, au final, plus d'activité pour les PME.

C'est aussi de cette façon qu'à l'inverse du cercle vicieux de la spéculation et des marchés financiers, nous pourrons retrouver un cercle vertueux de création et de partage des richesses.

La troisième grande priorité que nous mettons en avant, c'est le besoin de remettre de la démocratie dans la construction européenne. L'Europe est de plus en plus vue comme une machinerie bureaucratique, comme un espace de concurrence des uns contre les autres,  bref, comme un danger. Et cette situation n'est pas anormale quand on se rappelle qu'en 2005 les Françaises et les Français avaient majoritairement voté contre le Traité constitutionnel européen et qu'en 2007, sitôt élu, Nicolas Sarkozy a fait voter dans le dos des Français et avec l'abstention consentante d'une partie de la gauche, le traité de Lisbonne, copie conforme du TCE.

Là aussi, nous avons un point de clivage et de débat à gauche. Voter pour le Front de gauche, élire un député du Front de gauche, c'est se donner des députés qui ne vous trahiront pas en votant des traités que vous avez refusés dans les urnes, c'est se donner un député qui se battra contre le traité d'austérité Sarkozy-Merkel, qui exigera la renégociation des traités européens et leur soumission à référendum.

Enfin, quatrième axe, fondamental, de notre programme, c'est la nécessité d'une transition écologique de notre économie et de notre société. Nous n'avons qu'une seule planète et nous avons, durant ces 50 dernières années, très largement abusé de ses ressources, nous n'avons tenu aucun compte des dégâts environnementaux que provoquait l'activité de l'homme, dégâts surmultipliée ces 30 dernières années par la recherche de profit à tout prix.

Karl Marx écrivait dans le Capital  “Le capitalisme épuise les 2 seules sources de toute richesse : le travailleur et la terre”.

 

C'est bien la même logique d'accumulation des richesses qui est à l'œuvre dans l'épuisement de l'homme et de son écosystème. Il nous faut donc redéfinir démocratiquement, au plus près du terrain, nos modes de production, de consommation et d'échange en fonction de l'intérêt général de l'humanité et de l'impact de l'activité économique sur l'écosystème. La grande force de ce programme et de notre campagne, c'est d'avoir montré la nécessité de marier la transformation sociale à la transition écologique.

Mais ces quatre grands axes ne seraient rien s'il n'était pas chapeauté par notre proposition de sixième république pour redonner du sens à l'action collective, pour redonner du sens à la réflexion politique, pour redonner du sens à la démocratie et à la souveraineté populaire.

 

 

 

Oui, nous avons besoin de faire de la politique autrement. Je dirais même plus, nous sommes condamnés à faire de la politique autrement si nous ne voulons pas voir resurgir la bête immonde, la haine de tous contre tous, si nous nous ne voulons pas que la peur domine les esprits et qu'elle fasse que nous voyons dans notre voisin non pas notre semblable mais notre ennemi.



Oui, nous devons faire de la politique autrement. Le temps est fini où il y avait ceux qui savaient et ceux qui devaient écouter. La démocratie, c'est le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple. Comme le dit André Chassaigne, n'attendons pas d'être en situation de faire la sixième république pour agir comme si nous étions déjà en sixième république. Redonnons la parole au peuple, ce n'est pas qu'une simple formule, c'est une ambition collective, c'est une façon de faire, c'est une question de respect, c'est aussi une question de confiance. Faire confiance à nos concitoyens, faire confiance à leur intelligence, à leur capacité de réflexion sans rien abandonner de nos convictions mais en instaurant un dialogue, un débat collectif. Et je vais vous dire, amis et camarades, ce n'est pas qu'une question de forme. Car comme le disait Victor Hugo, le grand Victor Hugo : "la forme, c'est le fond qui remonte à la surface".

Alors, si je suis élu, je m'engage à mettre en place un conseil de circonscription réunissant les habitants, les associations de quartiers, celle de défense des citoyens, les organisations syndicales pour qu'ensemble nous co-élaborions la réflexion et le travail parlementaire.

Mais je m'engage aussi à être le relais et le porte-parole des besoins et des aspirations des habitants de la circonscription à l'Assemblée Nationale comme ici auprès des différentes collectivités locales.

Être présent sur le terrain, être au contact des gens, des citoyennes et des citoyens, cela changerait sur cette circonscription.

Avoir un député front de gauche sur cette circonscription, cela changerait aussi les rapports de forces et la nature des luttes. Car il y a aussi besoin d'élus qui mettent leur mandat au service des luttes. Ceux qui vivent sont ceux qui luttent. Cette citation de Victor Hugo me suit depuis de longs mois.

Depuis de longs mois, nous avons été aux côtés de tous les salariés en lutte : T2C, Régional, Acticall, Goodyear, COSAC, Luminox, Jacquet… Que ce soit pour combattre un plan de licenciements, pour des augmentations de salaires ou pour préserver le service public, ces luttes avaient toutes un point commun. Elles avaient en point commun le fait que des hommes et des femmes aient décidées de dire non, de relever la tête, de se battre, de ne plus accepter d'être méprisé, d'être considéré comme une variable d'ajustement ou comme une quantité négligeable qui devait se taire et obéir.

Quelle qu'ait été l'issue de ces luttes, ces hommes et ces femmes ont retrouvé la dignité. Je me souviens de cette salariée des pains Jacquet, cette maman, indignée d'avoir était traitée comme une terroriste quand les CRS étaient venus dégager les piquets de grève et qui, le jour de la reprise, affirmait : "nous rentrerons la tête haute".

 

Oui, celles et ceux qui vivent sont celles et ceux qui luttent.

 

 

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Cela fait 10 ans que nous encaissons les coups, 10 ans de régression sociale, 10 ans de lois antisociales, 10 ans que la droite libérale et réactionnaire impose ses valeurs de la concurrence de tous contre tous, du rejet de l'autre, de la stigmatisation de catégories entières de la population, de politique en faveur des plus riches et au détriment de l'immense majorité de la population et en premier lieu des salariés.

 

10 ans à encaisser, à notre tour de rendre les coups !!

 

 
Si je suis élu, je demanderai la création d'une mission d'information sur le respect et l'application du code du travail dans les entreprises. La loi doit de nouveau être présente dans les entreprises, les salariés doivent de nouveau être respectés. Ils doivent même avoir de nouveaux droits pour contester les plans de licenciements, les stratégies d'entreprises qui n'ont pour but que d'augmenter la rentabilité.

La souffrance, le mal-être au travail, ça suffit.

Je peux vous dire, amis et camarades, que, élu ou pas, je serai, demain, comme hier, aux côtés des travailleurs en lutte, aux côtés de celles et ceux qui se battent, aux côtés de celles et ceux qui vivent. Mais je le serai avec d'autant plus de force, avec d'autant plus d'utilité, avec d'autant plus d'efficacité si les électrices et les électeurs de cette première circonscription me choisissent pour les représenter à l'Assemblée Nationale.

 
La gauche doit réussir. Elle doit réussir ce changement tant attendu, tant désiré, si nécessaire. Mais pour cela, il y a besoin d'une gauche courageuse qui s'en prenne au pouvoir de la finance, une gauche qui résiste à la pression patronale, une gauche qui n'hésite pas à abroger les lois antisociales, une gauche qui n'hésite pas à s'en remettre au peuple sur l'enjeu européen, une gauche qui ne se résigne pas, une gauche qui ne renonce pas, bref, il y a besoin d'une gauche de transformation sociale et écologique et cette gauche-là, elle est incarnée par le front de gauche.

 

Il nous reste trois jours avant le premier tour des élections législatives. Sur cette circonscription, en 2010, lors des élections régionales, nous avons réalisé plus de 13 %. Au premier tour de l'élection présidentielle, nous avons obtenu 14 % des suffrages et surtout nous avons recueilli 4000 voix de plus qu'aux élections régionales. Je vous le dis tranquillement, tout est possible.

Je l'ai dit au début de mon intervention, nous sommes en campagne depuis longtemps. Nous avons mené une campagne formidable, présidentielle et législatives mêlées. Sur cette circonscription, nous avons tenu 18 assemblées citoyennes et réunions publiques, rencontré des dizaines et des dizaines de personnes, nous avons été présents sur tous les marchés, à la sortie des écoles, devant les entreprises.

Il nous reste trois jours pour faire fructifier le plus possible ce long travail militant. Il y a une part non négligeable des électrices et des électeurs qui se décident dans les 48 dernières heures. Pour mémoire, 30 % de celles et ceux qui ont voté François Hollande au premier tour de l'élection présidentielle avaient hésité avec le candidat du Front de gauche jusqu'au dernier moment. C'est la volonté de chasser Sarkozy à tout prix qui a dominé au dernier instant. Sarkozy est parti, la droite n'a aucune chance sur cette circonscription de prendre le siège de député, alors, ne lâchons rien pendant ces trois jours, continuons d'être présents au plus près de nos concitoyens, sur les marchés, devant les écoles, continuons d'afficher, continuons cette campagne jusqu'au dernier moment car tout est possible, oui tout est possible sur cette circonscription.

Dimanche, j'invite les électrices et les électeurs à faire du neuf à gauche.

 

À faire du neuf à gauche en terme de pratique politique, à faire du neuf à gauche en votant pour un projet l'humain d'abord en rupture avec les politiques libérales conduites depuis 10 ans, à faire du neuf à gauche pour sortir de cette délégation de pouvoir qui abîme la démocratie, à faire du neuf à gauche en votant pour un candidat des luttes, à faire du neuf à gauche en votant pour le Front de gauche.

 

 

Amis et camarades, Faisons vivre cette citation de Mark Twain :

"ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait !"

 

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