Conseil National des 8 et 9 avril
Vous trouverez le rapport de Pierre Laurent : ici.
Voici l'intervention que j'ai faite au Conseil National du PCF :
"Je voudrais d'abord revenir sur les conditions démocratiques de notre débat sur les enjeux de 2012 parce qu'elles ne me
semblent pas satisfaisantes. Nous avons plusieurs fois alerté la Direction Nationale sur ce sujet à travers une motion de notre Conseil Départemental, une rencontre avec le Secrétaire national et
un courrier adressé à l'ensemble des membres du Conseil National et des secrétaires fédéraux. Avec plusieurs d'entre eux, nous avons de nouveau interpellé la direction nationale en ce début de
semaine sur le sentiment d'un certain nombre de communistes d'être dépossédés de la maîtrise des discussions et de leurs décisions.
Nous insistions sur la difficulté que représentait le fait d'avancer une proposition à ce CN car elle ne résulterait pas du
débat des communistes et elle conditionne la suite.
Pierre, dans sa réponse au courrier de la fédération du Puy-de-Dôme, indiquait qu'il fallait qu'on débatte du texte
d'orientation fixant les ambitions du front de gauche, mais nous n'avons jamais eu connaissance de l'avancée des discussions avec nos partenaires, et, aujourd'hui, alors que nous pourrions en
débattre, nous avons devant nous un texte d'accord signé, sans possibilité de le modifier. Selon Pierre, ce Conseil national devait évaluer l'ensemble des débats. Mais quelles évaluations
collectives faisons-nous du texte d'accord sur la stratégie adoptée une semaine avant ce CN, et surtout, à quoi servent-elles puisque le texte est signé ?
Ce texte d'accord est symbolique des mises en garde qu'un certain nombre d'entre nous ont fait depuis maintenant plusieurs
mois : en ne portant pas la candidature d'André, nous n'avons pas pu faire avancer nos propositions dans le débat avec nos partenaires, et l'orientation politique de ce texte d'accord reprend en
grande partie les points de la révolution citoyenne de Jean-Luc Mélenchon et du Parti de gauche.
La direction du parti a pris la décision de ne pas soutenir la candidature d'André pour ne pas donner l'impression d'avoir
choisi, scrupule que n'ont pas eu le Parti de gauche et la Gauche unitaire et qui a produit l'effet inverse, puisqu'un certain nombre de communistes en ont déduit que le choix de Mélenchon était
déjà fait.
Pourquoi les communistes ne pourraient-ils pas choisir le candidat que le parti pourrait présenter à la discussion de nos
partenaires ?
J'en viens maintenant au sens même de la candidature d’André Chassaigne.
Pour moi, la candidature d'André ne s'oppose pas à celle de Mélenchon. Elle est différente. Elle représente une orientation
politique différente.
Différente d'abord, parce qu'elle s'inscrit dans une volonté, mise en œuvre depuis longtemps et qui donne les résultats que
l'on connaît, de faire de la politique autrement. Cette façon de faire qui associe les citoyens, qui leur permet de co-élaborer les réponses politiques à leurs problèmes, cette démarche de mise
en commun, de participation citoyenne, répond, me semble-t-il, à notre volonté commune de « faire de l'intervention populaire la force motrice de la construction d'une véritable alternative »
comme il est indiqué dans le texte d'accord.
Cette méthode est celle avec laquelle nous voulons construire et porter le projet partagé. Notre campagne devra donc
s’inscrire dans une démarche politique novatrice qui fasse vivre cette co-élaboration au cœur de la présidentielle, qui fasse valider en direct par les acteurs concernés nos propositions, qui
fasse appel à l’intelligence et qui produise du commun pour un programme réellement populaire et réellement partagé. Cela nécessite que le candidat à la présidentielle partage et mette en œuvre
cette démarche.
Cette méthode est effectivement différente d’une démarche plus conventionnelle, où l’image, la posture, la personnalisation
du discours politique en appelle à l’adhésion spontanée des citoyens dans le cadre nécessairement limité d’une échéance électorale.
Une autre exigence de la démarche d’André, consiste à se situer au coeur de la gauche, pour débattre avec tout le peuple de
gauche pour faire bouger les lignes, et rendre incontournable la nécessité de contenus transformateurs et la possibilité de les mettre en oeuvre.
André, en se situant dans cette perspective, s'adresse aux consciences, à l'intelligence et à la réflexion collective, non à
l'émotivité, à l'instinct, à l'épiderme.
Enfin, la candidature d'André me paraît différente sur une question essentielle pour le Front de Gauche, c'est sa dimension
collective. André parle rarement le "je", il affectionne plutôt le "nous", et je peux témoigner, en tant que secrétaire fédéral, de sa capacité à travailler collectivement, avec son parti
évidemment, mais aussi avec nos partenaires du Front de Gauche comme au moment des régionales.
C'est le sens de cette candidature qui me paraît être porteuse de l'avenir du Front de gauche, et en tout cas c'est ce
sens-là qui est, pour moi, incontournable dans la campagne collective qu'on nous propose."
Ensuite, le samedi je suis intervenu concernant la résolution du CN (que vous trouverez ici).
"J'ai d'abord une question : sommes-nous d'accord sur le texte fixant l'ambition ? Certes, ce texte est signé mais le CN ne
s'est pas exprimé dessus et c'est l'occasion. Ensuite, sur la résolution, en réalité nous n'avons qu'un seul critère : la candidature doit permettre l'accord.
Je l'ai déjà dit, d'autres camarades l'ont dit et je le redis, les démarches d'André et de Jean-Luc Mélenchon sont différentes. Elles représentent 2 orientations, 2 démarches différentes et c'est
aussi là dessus que les communistes doivent pouvoir se prononcer.
Là, nous n'avons pas le choix. La candidature d'André ne fait pas accord avec nos partenaires, celle de Mélenchon fait accord, donc il faut se résoudre à la candidature de Jean-Luc Mélenchon.
Enfin, je trouve extrêmement caricatural le fait de tirer un signe égal entre la dynamique du front de gauche et Mélenchon voulant faire croire que ceux qui défendent la candidature d'André
voudrait mettre un terme à la dynamique du front de gauche. Sur mon département, nous sommes tous engagés dans la dynamique du front de gauche comme le prouvent les résultats et c'est bien pour
continuer cette dynamique que je pense que la candidature d'André est la plus utile."
Enfin, Pierre Laurent a donné une interview à BFM TV qui a fait débat au sein du CN. Il y affirme que "nous présenterons un candidat qui ne sera pas issu du Parti Communiste".
Cela pose problème sur le respect de la démocratie et sur la maîtrise par les communistes des discussions et des choix de leur Parti.
Jugez vous-même :